Login

Sorgho monocoupe : idéal avec des rations riches en amidon

Riche en énergie et en fibres digestibles, le sorgho ensilé renforce la sécurité digestive des rations à base de maïs, tout en autorisant un haut niveau de productivité.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Avec des valeurs UFL équivalentes au maïs ensilage, le sorgho monocoupe ensilage répond aux besoins élevés des vaches laitières.

Mais le préambule consiste à définir lequel implanter : « Dans nos conditions, il s’agit de sorgho monocoupe BMR, plus digestible et plus riche en énergie, précise Florian Blot, nutritionniste et référent fourrages chez Seenovia, organisme de conseil des Pays de la Loire. Il est surtout présent au sud de la Loire. Mais au regard du réchauffement du climat, c’est une culture qui commence à apparaître dans le nord de la région, à l’exception des zones froides de Mayenne où les sommes de températures restent insuffisantes. »

Dans la famille des monocoupes BMR, il faut distinguer trois types différents : les sorghos sucriers grains, les mâles stériles et les photopériodes sensibles (PPS). Les premiers sont très digestibles, ils possèdent une panicule avec du grain (12 à 13 % d’amidon) et, de fait, une teneur en matière sèche plus élevée (27 à 30 %). Ce sont les plus précoces, mais avec des rendements moindres.

Association de variétés BMR dans les Pays de la Loire

Les mâles stériles sont plus productifs et aussi de très bonnes valeurs. Ils sont riches en sucres (20 à 22 %) et pauvres en amidon (4 à 5 %) en raison de l’absence de grains dans leur panicule. Comme ils sont un peu plus tardifs, il est difficile de les récolter à plus de 25 % MS au nord de la Loire. Enfin, les PPS ont un peu moins de valeur alimentaire, car moins digestibles. En raison de l’absence de panicule, ils sont moins riches en amidon et leur teneur en sucres est semblable aux mâles stériles (2 à 4 % d’amidon, 20 % de sucres). Leur développement végétatif offre le meil­leur potentiel de rendement et ce sont les moins sensibles à la verse, mais aussi les plus tardifs (22 à 23 % MS à la récolte). « C’est pourquoi les PPS ont un intérêt en association, pour bénéficier du volume produit dans des terres portantes où l’on peut récolter un peu plus tard », souligne le conseiller. Par exemple : 50 % de PPS, 25 % de grain et 25 % de mâles stériles ; sinon 30 % de grain et 70 % de mâles stériles. En région Pays de la Loire, le choix se portera sur des variétés précoces à demi-tardives.

Réduire le taux d’amidon, sans diluer l’énergie

D’un point de vue de la sécurité digestive, le sorgho monocoupe est un complément idéal du maïs ensilage lorsque l’objectif est de maintenir un haut niveau de performances : pauvre en amidon, il apporte de l’énergie via sa teneur en sucre et en fibres hautement digestibles. « Dans les rations avec beaucoup d’herbe, il a moins d’intérêt métabolique. Mais dans des rations à forte dominante de maïs, il permet de réduire la teneur en amidon, sans diluer la densité énergétique par kilo de MSI. Chez les éleveurs utilisateurs, on observe aussi un gain de TB lié à une orientation des fermentations du rumen favorisant une meilleure valorisation de la ration. »

Pour maximiser la production, le nutritionniste rappelle la teneur recommandée de 5 % de sucre dans la ration. À l’instar de la betterave, le sorgho garantit cet apport et une valeur UFL que la qualité des ensilages d’herbe ne permet pas toujours de satisfaire.

La digestibilité des fibres est l’autre caractéristique de ce fourrage : « Les mâles stériles et les sucriers grains sont plus digestes que les PPS. Leur dMO s’élève à 77-78 %, là où celle des maïs est de 72-73 %. Il est ainsi possible d’assurer la fibrosité chimique de la ration avec ces fibres digestibles, en même temps que la fibrosité mécanique par l’intermédiaire d’une récolte en brins d’environ 25 mm, c’est-à-dire un peu plus grossiers que le maïs, pour tenir compte d’une moindre teneur en MS. »

Cette faible teneur en MS incite à ne pas dépasser un tiers de la ration de base, soit 3 à 4 kg MS, ou 12 à 15 kg bruts pour ne pas pénaliser l’ingestion. « Un point clé de la culture est de semer dans un sol réchauffé (12 °C), propice à une levée rapide, afin de maîtriser le salissement. C’est-à-dire pas avant le 15-20 mai. Après une dérobée ou un méteil, cela laisse le temps de préparer le sol avec des faux semis. Dans cette logique, le sorgho monocoupe peut aussi être un moyen de sécuriser les stocks. Sauf en sols de bon potentiel agronomique, où il n’atteint pas les rendements du maïs. Son intérêt est alors purement zootechnique. »

Jérôme Pezon

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement